Il vient de passer 2 semaines à écumer, avec les compagnons, le hangar d’Emmaüs à la recherche des bibelots déposés là dans l’espoir d’une seconde vie, après avoir trôné sur un buffet de salle à manger dans un appartement d’une famille Grand-synthoise, ancien souvenir rapporté de vacances, jouet d’enfant, poussés au rebut…
Certains ont donc eu la chance d’être retenus pour intégrer une nouvelle création artistique de Bernard Pras, discret malgré ses 40 ans de carrière, son succès auprès de collectionneurs chevronnés après des débuts difficiles, comme si le mythe de l’artiste incompris devait être un passage obligé vers la notoriété. Et ce n’est pas le pauvre Van Gogh qui aurait dit le contraire, lui dont 2 relectures par notre artiste invité sont accrochées sur les murs de la galerie Robespierre, parmi la dizaine d’œuvres qui enrichissent l’œuvre créée dans nos murs. Et si Bernard Pras en a interprété plusieurs toiles emblématiques, c’est peut-être pour dire en filigrane. « Je sais à quel point tu en as bavé »…
Le clou de l’exposition reste néanmoins l’adaptation du tableau « le jeune mendiant » de Murillo, peint vers 1650, dont on apprend sur Wikipédia que « Cette œuvre a probablement été une commande de marchands étrangers à Séville du fait du goût des flamands pour les scènes de genres qui reflètent la vie quotidienne. Il est par ailleurs probable que cette œuvre ait été peinte sous l’influence des franciscains pour qui travaillait régulièrement Murillo » ;
Flamands, Franciscains, Emmaüs… Vertigineux, Bernard Pras joue encore, comme dans ses créations, avec de multiples correspondances, concordances, toujours dans l’humilité et la subtilité, jamais plastronnant quand il interprète un classique de la peinture, si ce n’est sur l’époque actuelle, plus dans le « show » ; Avec le temps, Bernard Pras s’amuse à tout intégrer, fascinant exercice à la fois ludique et philosophique. Ces deux dimensions en font « l’artiste type » que Samuel Bernard, âme de la galerie grand synthoise et avec tout l’appui de la culture et de la Ville, cherche et convainc, comme ici, de présenter aux visiteurs sa technique, son travail, compréhensible tant par des collecteurs que par le grand public, le béotien. C’est peut-être à cette confluence qu’on reconnaît les « grands ». Il faut dire qu’avoir, entre autres, une monographie de 250 pages qui témoigne de la richesse de son œuvre est une preuve de reconnaissance. Bernard Pras a encore, dans tous les musées du monde, des toiles célèbres à interpréter à sa manière si singulière et déjà copiée…ce qui agace mais est aussi, d’une certaine façon, bon signe…
Une fois de retour dans la lumière, les objets doivent encore, comme pour la cérémonie des César, être définitivement retenus ; et là ça devient beaucoup plus sélectif ! Commence en effet le pointilleux et patient travail de positionnement en 3 dimensions, en volume donc, pour, au final, restituer pour notre œil d’humain, une représentation en 2D, comme un tableau, qui est une copie de la toile de référence. Avec son discret assistant, Jean-Pierre, commence un dialogue pour trouver la meilleure solution, la « faisabilité » de faire tenir telle pièce à x centimètres du sol pour que, quand on revienne où le spectateur pose son œil, le résultat soit exigeant, comme le fut Murillo avec lui-même en peignant, il y aura bientôt 500 ans, sa toile, exposée au Louvre.
Pour aller dans les pas de Bernard Pras, autour de l’expo :
Rencontre avec Bernard Pras
Profitons de ce lendemain de vernissage pour engager un dialogue avec un artiste accessible et pédagogue ; un beau moment en perspective même si le clin d’œil à sa technique est ici complètement involontaire mais assumé.
Samedi 15 janvier à partir de 14h30
30 places
Contes
Les samedi 22/01 et mercredi 2/02, la médiathèque Nelson Mandela et la galerie Robespierre proposent un après-midi de contes pour petits et grands en résonnance avec l’exposition.
Atelier recyclage
les 7 et 8/2 pour les 8/14 ans de 14h à 17h puis les 9/10/11 pour les 15 ans et adultes de 14h à 18h
12 places
En accueillant les artistes Bernard Pras puis, bientôt, Guillaume Krick, plus que jamais présent dans notre quotidien, le recyclage est devenu source de matières premières pour les artistes.
En partant de votre propre récupération d’objets ou de matériaux, nous nous essaierons à plusieurs techniques d’assemblage et de transformation. Chacun réalisera selon son envie une sculpture ou un bas-relief.