Grande-Synthe, la transition en actes au quotidien
Tous les jours, de nouvelles études, des documentaires ou reportages dressent un bilan critique de la situation dans laquelle se trouve la planète. Une terre et demie est aujourd’hui nécessaire chaque année pour satisfaire les besoins de l’humanité en ressources naturelles. Le jour du dépassement, c’est-à-dire la date où l’empreinte écologique dépasse la biocapacité terrestre, arrive de plus en plus tôt chaque année, cette année 2018 étant de loin la plus préoccupante quant au réchauffement climatique et ses conséquences possibles sur les espèces animales ou les récoltes.
En 2007, Rob Hopkins, enseignant en permaculture, a lancé en Grande-Bretagne, dans sa ville natale de Totnes, le mouvement de la transition pour s’affranchir du pétrole et s’adapter aux crises actuelles. Peu à peu, les habitants ont adhéré à la démarche et cette dernière s’est exportée à travers le monde. La ville de Grande-Synthe, souhaitant renforcer ses actions de développement durable et notamment celles concernant les pratiques de consommation et de production, s’est engagée dans cette même voie en 2011 par une décision du Conseil municipal. Nous avons été honoré de l’accueillir pour constater les actions entreprises et impliquant, au final, également les habitants.
Un humus fertile pour accélérer la transition
Contrairement au mouvement initial « du bas vers le haut » de la transition made in UK, la ville de Grande-Synthe, forte de l’ensemble des actions entreprises au cours des quarante dernières années et consciente – et bien placée pour – de l’urgence à mettre en place un autre modèle de développement, a lancé cette démarche afin d’initier le changement, d’aider la réflexion collective et l’action démocratique et citoyenne et de consolider la cohérence des réalisations. Et l’impulsion crée la dynamique : Emile and co’ est une association de Grand-Synthois née de la démarche de transition qui agit localement pour recréer du lien social tout en se basant sur des liens avec la nature.
Signalons également la Forêt qui se mange initiée par Carole Coulon et un noyau dur de bénévoles. Qu’ils soient remercier pour leur générosité à mettre de belles et bonnes choses à la portée du plus grand nombre moyennant une adhésion très modique à l’association.
La transition n’est pas une idée contre l’économie, elle est une combinaison pour créer une nouvelle forme d’économie. A Grande-Synthe, le mouvement est particulièrement original car il est impulsé par les autorités locales qui, du coup, n’ont pas besoin d’être convaincues par des associations demandeuses de changement mais conditionnées au bon vouloir des décideurs locaux. Grande-Synthe, c’est la transition en actes au quotidien.
La transition concerne donc en premier lieu les énergies, avec une incidence forte sur l’habitat, les déplacements, l’alimentation et la santé. Enfin, relocaliser les choses permet d’envisager également une nouvelle dynamique pour créer de l’emploi tout aussi localement.